Selon la région où vous plongez, le récif peut avoir un cycle de vie saisonnier, mais pas toujours. Si vous êtes un plongeur habituel de la mer Rouge, par exemple, vous aurez la chance de trouver la même murène, sous le même rocher, année après année. Mais que se passe-t-il à Maurice, où les récifs changent au fil des saisons ?

Comme nous venons de le suggérer, de nombreuses espèces de poissons sont migratrices, donc peu de poissons sont sédentaires, à l’exception de quelques espèces qui vivent sur les récifs coralliens ou dans des eaux fermées. Le terme « migrant » dans ce cas signifie « aller et venir au gré des saisons ». Il convient toutefois de souligner que toutes les espèces ne parcourent pas des milliers de kilomètres. En effet, la migration peut s’étaler sur des périodes allant de quelques jours à plusieurs années, et couvrir des distances allant de quelques mètres à plusieurs milliers de kilomètres. Parmi les plus grandes espèces migratrices figurent le thon, les requins, les dauphins et d’autres cétacés comme les baleines. À Maurice, les déplacements des baleines à bosse, qui ont parcouru plus de 5'000 km de l’Antarctique, où elles se nourrissent, aux eaux chaudes tropicales et subtropicales de l’océan Indien, où elles se reproduisent, fournissent un exemple intéressant de migration bien définie.

Les grandes espèces migratrices sont appelées « océanodromes» (c’est-à-dire qu’il s’agit de poissons qui migrent tout en restant dans un environnement marin) et migrent sur de grandes distances. Ils migrent pour se nourrir ou se reproduire à travers les océans. De ce fait, les espèces grands migratrices sont particulièrement sensibles à la surpêche, au braconnage, à la pollution et aux obstacles infranchissables tels que les barrages. La capture d’un adulte interrompt le cycle, car il n’a probablement pas encore atteint son site de reproduction, ce qui peut compromettre le renouvellement de l’espèce et menacer sa survie à long terme.

Jetons un coup d’œil à ce qui se passe dans les récifs autour de l’île Maurice. Pendant l’été, généralement de décembre à avril, les eaux côtières seront plus chaudes (passant de 20°C au plus bas à 28°C au plus haut) et donc très productives durant l’été. Ces eaux seront donc plus riches pour que les poissons s’en nourrissent pendant l’été et froides et peu attrayantes en hiver. En conséquence, les poissons se retirent vers des eaux plus profondes. D’autres changements saisonniers, tels que les changements dans la profondeur de la thermocline, peuvent provoquer des migrations entre les eaux côtières et hauturières.

Maintenant que nous avons parlé des poissons, intéressons-nous à d’autres espèces marines telles que les nudibranches et les hippocampes, qui sont plus courantes à Maurice pendant l’été.

Que se passe-t-il pendant l’hiver lorsqu’ils semblent « disparaître » des récifs ?

Pour commencer, les espèces marines n’hibernent pas, mais elles suivent des cycles de vie bien définis. En fait, certains ont un cycle naissance-croissance-adulte-mort qui s’étend sur un an, coïncidant avec les saisons et les variations environnementales. Dans le cas des nudibranches ou des limaces de mer, contrairement à de nombreuses espèces marines qui fournissent certains soins parentaux, ils suivent une stratégie différente. Leur cycle de vie est étroitement lié à la disponibilité de la nourriture. Lorsque la nourriture se fait rare, certaines espèces entrent en dormance : elles s’abritent dans le récif, réduisant leur activité pour économiser de l’énergie. Ce phénomène explique pourquoi ils sont moins fréquents à certaines périodes de l’année. De cette façon, la nature régule naturellement leurs populations : les adultes pondent leurs œufs avant de mourir, sans s’en occuper. Lorsque les conditions redeviennent favorables, les œufs éclosent, donnant naissance à des larves qui commencent leur développement. Selon l’espèce, la taille de l’œuf et la température de l’eau, cette phase larvaire peut durer de quelques semaines à plusieurs mois. Quant aux adultes, leur espérance de vie dépasse rarement un an.

En ce qui concerne la présence des hippocampes, ils sont soumis aux courants marins, qui influencent leurs mouvements et peuvent entraîner une forme de migration saisonnière. Leur répartition et leur abondance varient d’une saison à l’autre, principalement en raison de leur comportement reproducteur, qui joue un rôle clé dans ces fluctuations. Certaines zones, comme les baies et les estuaires, peuvent servir de sites de reproduction naturels essentiels. La mise en place de périodes de fermeture pour la pêche en période de reproduction, et la création d’aires marines protégées, pourraient donc favoriser leur conservation.

La température joue également un rôle majeur dans la visibilité des autres espèces sur le récif. Pour d’autres espèces présentes sur le récif, comme les oursins, la température est un facteur déterminant qui influence leur abondance au fil des saisons. En fonction de leur métabolisme, ils peuvent être affectés négativement, notamment lorsque les températures deviennent trop élevées et dépassent leurs limites de tolérance, phénomène accentué par le réchauffement climatique.

D’autre part, certaines espèces, comme les rascasses et les murènes, ont tendance à craindre le froid. Ils restent présents pendant l’hiver, mais ils deviennent simplement plus difficiles à observer. En période de froid, ils se réfugient dans des cavités du récif, où la température est plus stable et légèrement plus chaude que celle de la colonne d’eau. Comme ils ne sont pas à sang chaud, leur métabolisme ralentit considérablement lorsque la température baisse, même de quelques degrés seulement. Moins actifs, ils passent plus de temps à se cacher.

Enfin, la saison de reproduction de certains poissons (comme les poissons-clowns et les blennies) influence également leur présence apparente. En d’autres termes, pendant cette période, les adultes se consacrent à la protection de leurs œufs, restant souvent cachés près de leur site de frai, ce qui les rend moins visibles sur le récif.

Conclusion:

Le cycle de vie des espèces marines sur les récifs de l’île Maurice est complexe et influencé par une multitude de facteurs. La température de l’eau, l’abondance de nourriture, le métabolisme de chaque espèce et les migrations saisonnières ou occasionnelles des poissons jouent un rôle clé dans la dynamique des écosystèmes. Alors que certains poissons migrent de manière régulière, souvent dictée par leurs besoins reproductifs ou alimentaires, d’autres sont moins mobiles, s’adaptant aux variations de température en se faisant plus discrets et ainsi « disparaître » du récif à nos yeux. La compréhension de ces facteurs et de leurs interactions est donc essentielle pour préserver ces écosystèmes fragiles.


Note : un grand merci à Olly qui s’assure toujours que mes connaissances sont à jour.